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Faut-il vraiment séparer vie professionnelle et vie personnelle ? Réflexion à partir de la série Severance

Le week-end dernier, j’ai regardé la série Severance sur Apple TV+. Je pensais simplement me détendre. Finalement, elle m’a rattrapée en plein dans mes réflexions professionnelles. Ce que cette fiction explore, je l’entends souvent dans mes interventions : la difficulté de tracer une frontière claire entre vie personnelle et vie professionnelle.

Et si la série soulève autant de questions, c’est parce qu’elle pousse à l’extrême une tentation que nous avons tou·te·s eue un jour : celle d’éteindre un pan de notre vie pour préserver l’autre.


Un monde sans surcharge mentale : séduisant ou inquiétant ?


Dans Severance, les employés d’une entreprise futuriste choisissent de subir une opération qui sépare leur conscience en deux. Une partie d’eux ne vit que le travail. L’autre n’en sait rien. Plus de fatigue accumulée. Plus de pensées parasites. Plus de mails à 22h qui nous trottent dans la tête pendant le dîner. Je repense à cette patiente, mère de deux enfants, qui me confiait récemment :

« Le plus dur, ce n’est pas le travail en soi. C’est de rentrer à la maison et d’avoir l’esprit encore coincé dans mes réunions. »

On comprend donc l’attrait de cette coupure nette. Mais à quel prix ?


La fausse promesse de la séparation totale


Le rêve de déconnexion parfaite est séduisant. Plus de stress professionnel au retour chez soi. Plus d’inquiétude personnelle au bureau. Mais Severance dévoile les conséquences invisibles d’une telle dissociation. L’"Inter" ne vit que pour travailler. Il ne connaît ni repos, ni motivation personnelle, ni sens profond à son engagement. Et surtout : il ne peut même pas demander à démissionner. Son "autre lui" ne sait rien. Il ne ressent rien.

Cela m’a rappelé certaines situations où des personnes, en burn-out, disaient :

« Je suis resté·e parce que je ne savais plus pourquoi je faisais tout ça. »

Quand on ne peut plus relier le travail à ce que l’on est, à ses valeurs, on s’épuise.


Et si la séparation n’existait pas ?


Dans mon quotidien de psychologue du travail, je constate que la fameuse frontière vie pro / vie perso est bien plus poreuse qu’on ne le pense.

Nos rôles se superposent, s’influencent. Un conflit professionnel peut peser sur notre sommeil. Une difficulté familiale peut altérer notre concentration.

Mais l’inverse est aussi vrai : les compétences acquises au travail renforcent notre capacité à gérer notre vie personnelle. Et nos expériences privées nourrissent notre posture professionnelle.

Un manager m’expliquait récemment comment son rôle de parent lui avait appris à mieux écouter ses équipes. J'invite mes stagiaires d'ailleurs lors de mes formations à tester leurs apprentissages et s'entrainer dans le champs personnel.


Identité professionnelle : miroir ou masque ?



Le personnage principal de Severance, Mark, incarne ce paradoxe. Il suit les règles, motive ses collègues, fait tout pour plaire à sa hiérarchie. Mais est-ce encore lui ? Ou juste une version de lui, façonnée par le système ?

La série pose une question que je trouve fondamentale : qui sommes-nous au travail ?

Il arrive souvent qu’en entreprise, une personne me dise :

« Je mets un masque au bureau. »

Cette adaptation peut être nécessaire. Mais lorsqu’elle devient un clivage, elle épuise.


Une fiction qui touche à notre réalité


Severance est une série bien réalisée, intrigante. Mais surtout, elle est profondément actuelle.


Elle interroge notre besoin de sens, notre envie de contrôle, et cette tension permanente entre performance et bien-être.


Elle nous rappelle que fuir le malaise ne le résout pas. Et que la quête d’un équilibre durable passe moins par la séparation que par la reconnexion.


La série nous invite à une réflexion utile : Comment redonner de la cohérence à nos vies sans chercher à les compartimenter ?

Et vous, avez-vous parfois envie de "couper" pour souffler ?

Ou cherchez-vous des façons plus réalistes de mieux vivre les tensions entre vos rôles ?









 
 
 

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